Le Douro se fraye un chemin sur une terre de plus en plus fertile. L'été touche à sa fin et les caves se préparent aux vendanges. L'œuvre du photographe de Valladolid, Gonzalo Miguel Ojeda, réalisée il y a cent ans, remet au goût du jour cette série d'images de femmes en pleines vendanges sur les terres de Burgos. Le Douro s'est chargé de fertiliser ses rives et les charrettes à bœufs s'approchent pour transporter des paniers remplis de raisins.
« Les meilleurs cavaliers de l'escadron étaient ceux qui avaient labouré les vignes à cheval sur les rives du Douro. Dans ce métier, il faut beaucoup de force et des bras très robustes. »
Pío Baroja
L’Escadron du brigand
1913
Tempranillo, grenache rouge, cabernet sauvignon, merlot, malbec et pour les blancs, albillo mayor... Des cépages de l'appellation Ribera del Douro ; sa capitale, Aranda del Douro. Et autant d’îlots de pierre éparpillés sur la grande plaine, dans les couvents et les monastères, centres névralgiques de l'industrie viticole depuis des temps immémoriaux.
Santa María de La Vid [Saint-Marie-de-la-Vigne, en français] caresse quasiment les eaux du Douro. Un premier monastère, appelé Santa María del Monte Sacro, fut d’abord édifié sur sa rive droite. Mais, en 1152, Alphonse VII de León fit don de son domaine de «La Vid», situé sur la rive opposée, afin qu’un nouveau monastère y soit construit. La tradition veut qu'on y ait trouvé une statue en pierre polychrome, celle de la Vierge de la Vigne.
« La Vid est un hameau ou un secteur composé principalement d'un pâté de maisons rattaché à l'ancien monastère de Premonstratenses, sur les rives du Douro. Le monastère de La Vid était un grand bâtiment solide, aux murs épais, campé sur les rives du Douro. Il possédait un long et étroit pont de pierre à neuf yeux sur le fleuve et de magnifiques propriétés, prairies, champs, bois et pâturages. »
Pío Baroja
Con la pluma y con el sable [Avec la plume et avec le sable]
1921
C'est Rafael Alberti qui nous fait découvrir le cœur d'Aranda de Douro. C'était pendant l'été 1925. Le poète accompagnait son frère, représentant de la cave Osborne, à l’occasion d'un voyage dans la province de Burgos. Au cours de ce périple, le poète écrivit La amante [La maîtresse], un livre qui inaugure de nouvelles formes d'expression lyrique dans lesquelles le fleuve Douro a la part belle.
«Lève-toi!
Le courant du Douro
va si vite que l’air
en pulvérisa le rêve.
Mon embarcation!
Lève-toi!»
Rafael Alberti
La amante (Canciones) [La maîtresse (Chansons)]
1925 [Fragment]
2e Supplément de Litoral,, Málaga. Imprenta Sur, 1926,
p. 20
Un peu plus au nord, à quelques kilomètres du fleuve, le château de Peñaranda de Douro se dresse à l'horizon. De ses hauteurs, nous pouvons voyager dans le temps et imaginer le poète croisant le regard de ce charretier...
Pourquoi me regardes-tu avec tant de sérieux,
charretier?
Tu possèdes quatre mules pommelées,
un cheval d’attelage,
un chariot à roues vertes,
et la charrette toute
pour toi,
charretier.
Que veux-tu de plus ?
Rafael Alberti
«Peñaranda del Douro». La amante (Canciones) [La maîtresse (Chansons)]
1925
Charretier acheminant du charbon de bois à Covaleda de la Sierra
1924
Archivo de la Diputación de Burgos
À nouveau le fleuve, ma maîtresse,
et un autre pont sur le fleuve.
Et un autre pont à deux yeux
aussi grands que les miens
Aussi grands que les miens,
ma maîtresse.
Mes yeux, quand je te regarde!»
Roa del Douro.
Rafael Alberti.
«Roa de Douro». La amante (Canciones) [La maîtresse (Chansons)]
1925. 2.e Supplément de Litoral, p. 18. Málaga. Imprenta Sur, 1926